<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’édito N°3

Sera maître du monde qui sera maître de ciel !

Sera maître du monde qui sera maître de ciel ! Cette phrase écrite par Clément Ader en 1909 dans son livre L’aviation militaire a dû faire sourire bien des officiers d’état-major, qui, dès l’ouverture des hostilités en 1914, ne juraient encore que par les artilleurs et les fantassins pour mener une guerre. Les armées en présence ne comptent alors qu’un millier d’avions et une cinquantaine de dirigeables. Considérés comme « des jouets scientifiques intéressants mais ne présentant pas de valeur militaire » selon le général Foch en 1911, les avions vont cependant s’imposer en moins de quatre années et devenir un outil militaire dont personne ne discute plus alors l’utilité, tant sur le plan tactique que sur le plan stratégique. Avec l’aviation militaire, un nouveau type de combattant voit le jour : l’aviateur. Bien souvent issu de l’élite, et animé d’un esprit chevaleresque, son image « glamour » s’impose dans la presse, et auprès d’un public avide de succès et de gloire, tandis que les combats au sol s’enlisent. Mais au-delà de l’héroïsation de ces jeunes gens engagés dans la guerre des airs, qui payaient de leur vie des exploits bien réels, l’aviation symbolise cette extraordinaire modernisation que l’armée française va connaître durant ces quatre ans.

Une nouvelle fois, HISTOIRE MAGAZINE s’est entouré des meilleurs spécialistes pour vous conter l’histoire de l’aviation dans la Grande Guerre. Gilles Aubagnac, conservateur du musée de l’Air et de l’Espace, au Bourget, évoque l’année 1916, la bataille de Verdun et celle de la Somme, qui marquent un tournant dans l’utilisation de l’aviation. La mémoire populaire retient certes les noms de Guynemer, des escadrilles des cigognes, ou de La Fayette, érigés en modèles par la propagande de guerre, mais ce qui se joue dans le ciel de Verdun est d’une autre nature, l’implication véritable de l’aviation dans une stratégie interarmes prend naissance.

L’aviateur René Fonck fut l’As des As français et pourtant son nom semble ne plus rien évoquer aux nouvelles générations. Damien Accoulon, jeune historien passionné par l’aviation, a cherché à percer ce mystère. Stéphane Koechlin, journaliste et écrivain, lauréat du prix Guynemer en 2009 pour sa biographie du Baron Rouge, revient pour nous sur le parcours de l’As des As allemand, le pilote légendaire Manfred von Richthofen surnommé « le Baron Rouge » et raconte les cinq vies d’Ernst Udet, tandis que Luc Corlouër nous conte le parcours de l’as français Charles Nungesser.

Durant l’année 1918, quinze grandes batailles gigantesques se succèdent, faisant sur le front de l’Ouest 3,5 millions d’hommes tués, blessés ou capturés dont un million de Français. Michel Goya analyse le rôle majeur joué par l’armée française, qui va par sa solidité, son ingéniosité et sa modernité emporter la victoire. Nous l’avons rencontré pour évoquer un aspect trop souvent négligé : la tactique et la stratégie militaire mises en œuvre lors de cette année cruciale de 1918, et la part revenant à l’aviation dans la victoire.

Paradoxalement, alors que chacun reconnaît le rôle déterminant joué par l’aviation pendant la Première Guerre mondiale, il lui est réservée une place infime dans les lieux de mémoire et dans les nouvelles scénographies. Serge Barcellini, président du Souvenir français et contrôleur général des armées, revient pour HISTOIRE MAGAZINE sur les raisons de cette évolution. En octobre dernier, l’Aéro-Club de France a célébré ses 120 ans.

L’institution accompagne, depuis sa création en 1898 l’évolution technologique de l’aérostation, de l’aviation et de l’espace. Pour nous en parler, son secrétaire général qui est aussi un historien, Laurent Albaret.

On a pu découvrir, il y a quelques jours, sur la chaîne Arte le spectaculaire docufiction « La Guerre des As » réalisé par Fabrice Hourlier, un passionné d’histoire et de technique qui a su magnifiquement mettre l’une au service de l’autre. Il a bien voulu nous dévoiler quelques secrets de fabrication.

Dans chacune de nos livraisons, nous avons coutume d’évoquer ces passionnés qui, au quotidien, exercent des métiers en rapport avec l’histoire : nous avons rencontré Anne-Catherine Robert-Hauglustaine, qui vient de prendre la direction du prestigieux musée de l’Air et de l’Espace en début de cette année. Retour sur le parcours exemplaire de cette spécialiste internationale de muséologie.

Dans ce numéro, il sera question également de l’actualité des livres, des expositions et de l’histoire de la bande de Robillard qui sévit dans l’Eure sous le Directoire racontée par Fabrice Renault.

Je remercie tout particulièrement le musée de l’Air et de l’Espace du Bourget pour sa précieuse collaboration à ce numéro. Bonne lecture !

Sylvie DUTOT, rédactrice en chef d’HISTOIRE Magazine

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