Entretien avec Lionel Chardonnet, restaurateur de mobilier ancien

4 décembre 2017 | Art de vivre, Entretiens, Patrimoine

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Entretien avec Lionel Chardonnet, restaurateur de mobilier ancien

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Avec l’ambition de montrer que l’histoire se vit au présent, et qu’il existe mille façons d’exercer une profession en rapport avec sa passion, France Terres d’Histoire se propose de vous faire découvrir ces passionnés qui, au quotidien, exercent des métiers en rapport avec le patrimoine, le spectacle historique, l’écriture, l’enseignement ou la connaissance du passé… 
Lionel Chardonnet nous a ouvert les portes de son atelier grenoblois et les joyaux que nous y avons vus nous ont vraiment donné envie d’en savoir plus sur son métier de restaurateur de mobilier ancien. Entretien …

Propos recueillis par Sylvie Dutot

F.T.H. : Bonjour Lionel Chardonnet, qui êtes-vous ?

Lionel Chardonnet : J’ai 46 ans. Je suis originaire de Grenoble, d’une vieille famille dauphinoise, installée depuis plus de 1000 ans dans l’Isère. Mon arrière-grand-père avait une tuilerie à Revel-Tourdan, il a produit quasiment toutes les tuiles que l’on retrouve sur les toitures du nord-Isère. Mes grands-parents, quant à eux, se sont distingués pendant la Seconde Guerre mondiale. Ma grand-mère Antoinette était une grande résistante, elle a été décorée par le général de Gaulle, à la libération de Grenoble. Mon grand-père Georges était dans le maquis dans le Vercors. J’ai encore le certificat de remerciement signé de la main d’Eisenhower pour avoir aidé les Alliés lors du parachutage. J’avais suivi un parcours d’études classique, puisqu’après un baccalauréat général, j’ai fait deux années de droit. Mais je m’ennuyais, cela ne correspondait pas à la vie à laquelle j’aspirais. Alors, après mes obligations militaires, j’ai recommencé de zéro.

F.T.H. : Pourquoi vous tourner vers la restauration de meubles ?

Lionel Chardonnet : Depuis l’enfance, j’ai toujours baigné dans cet univers, mon grand-père adorait le mobilier ancien, il était collectionneur. Et j’ai toujours eu un goût prononcé pour l’Histoire, l’Égypte ancienne, l’archéologie. J’ai retrouvé au travers de la restauration de mobilier cet engouement pour ces passions de jeunesse. La restauration pour moi s’apparente à l’archéologie.

F.T.H. : En quoi consiste votre travail ?

Lionel Chardonnet : On confond souvent mon métier avec celui de l’ébénisterie. Or, si on a une base d’ébénisterie, l’essentiel du métier est une formation aux techniques de restauration et de conservation. C’est avant tout un travail chimique et technique.

F.T.H. : Quelle formation avez-vous suivi ?

Lionel Chardonnet : J’ai suivi un cursus de CAP, de brevet de maîtrise en ébénisterie, et je suis rentré en apprentissage chez Catherine Eléouët qui était restauratrice de meubles sur Grenoble. Puis, j’ai rejoint Gilbert Delcroix à l’IFROA pour me former à la restauration, la chimie, la chimie appliquée à la restauration. Je me suis rendu également à Venise, à la fondation européenne Pro-Venetia pour la formation à la restauration et conservation des marqueteries.

F.T.H. : Parlez-nous de Gilbert Delcroix qui semble avoir tenu une place importante dans votre formation …

Lionel Chardonnet : Aujourd’hui à la retraite, il a été le plus grand chimiste reconnu en matière de conservation et de restauration. « C’est un ordinateur chimique sur pattes » !! C’est ainsi que je le vois ! Lorsque je lui soumettais un problème, par exemple le sulfate de fer qui ne prend pas sur cette essence de bois particulière, le prunier, je le voyais réfléchir et faire défiler dans son esprit les équations chimiques et il trouvait la solution. Il est mondialement connu, il a travaillé sur les marches du Parthénon, pour trouver la cause de la rouille, sur Lascaux, pour trouver la raison des champignons noirs qui attaquaient la grotte. Il est à l’origine de l’IFROA (Institut Français de Restauration des Objets d’Art) au début des années 70, devenu depuis l’INP, l’Institut national du patrimoine.

F.T.H. : En quoi consiste les techniques auxquelles il vous a initié ?

Lionel Chardonnet : Il m’a appris la chimie appliquée à la restauration, la fabrication des cires de protection pour les finitions, la fabrication de vernis qui ne vieillissent pas, la consolidation des bois… Lire la suite

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