Revivre le Moyen Âge : de la reconstitution de la bataille d’Azincourt à la Rose d’Or par Emile Kern

4 décembre 2017 | Moyen Âge

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Revivre le Moyen Âge : de la reconstitution de la bataille d’Azincourt à la Rose d’Or par Emile Kern

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Revivre le Moyen Âge : de la reconstitution de la bataille d’Azincourt à la Rose d’Or

par Emile Kern, historien,  chargé de cours à l’Unviversité de Nîmes, docteur en Histoire et professeur agrégé, spécialiste des reconstitutions

Depuis la Renaissance, les sociétés occidentales manifestent un « goût pour le Moyen Âge » comme le dit l’historien Christian Amalvi. Cet attrait pour l’époque médiévale se manifeste d’abord dans la littérature, au début du XIXéme siècle, avec des chefs d’oeuvre comme Ivanhoe de Walter Scott ou Notre-Dame de Paris de Victor Hugo. Puis de nos jours, ce sont les séries télévisées qui se sont emparées de cette époque avec Vikings et surtout Games of Thrones.
Depuis quelques années, ce Moyen Âge réinventé apparaît à l’occasion des fêtes estivales un peu partout en France. Quel village, quelle ville ne reconstitue pas un moment de son passé qui renvoie aux Xe-XIIIe siècles en s’appuyant sur un vestige de rempart, de donjon ou sur un musée ? Cette fabrication du passé dans notre présent porte un nom : le médiévalisme. Ce concept peut être défini comme la reconstruction du Moyen Âge dans les siècles ultérieurs. Ce médiévalisme, après avoir servi de décor à la littérature romantique de la première moitié du XIXe siècle, à la peinture, au théâtre, à la musique ou au cinéma, fait de plus en plus le bonheur des reconstituteurs qui pratiquent l’Histoire Vivante.

L’Histoire Vivante est devenue une activité indispensable pour certains passionnés d’Histoire et de costumes d’époque mais aussi pour dynamiser des lieux de mémoire un peu partout en France. Toutes les époques sont concernées depuis l’Antiquité jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Avec un peu plus de deux mille reconstituteurs, la France fait partie des pays où l’on trouve le plus de pratiquants, après les États-Unis et la Russie. Si on peut définir l’Histoire Vivante comme la volonté de faire revivre une époque, un événement et des personnes à un moment donné de l’Histoire, il faut néanmoins distinguer l’Histoire Vivante de la reconstitution historique et plus encore de l’évocation historique. A ces termes il faut rajouter celui d’archéologie expérimentale. Pour la sociologue Audrey Tuaillon Demésy, les pratiquants, qu’elle a interrogés dans le cadre de sa thèse, préfèrent le terme de « reconstitutions » à celui d’Histoire Vivante, adopté lui par les conservateurs des musées.

Aux côtés de ces associations de reconstitutions historiques, on trouve aussi des sociétés professionnelles qui vendent leurs services à l’occasion de prestations durant l’été ou toute l’année.

Le Moyen Âge est l’époque la plus prisée par les reconstituteurs. L’annuaire de la reconstitution historique permet de constater que sur un total de 380 groupes de reconstitutions historiques, 150 se revendiquent de l’époque médiévale (les autres périodes dans l’ordre étant le Premier Empire, l’antiquité gallo-romaine et les deux guerres mondiales). A quoi correspondent ces diverses associations et quelles sont leurs spécificités ? Comment et où se manifeste et se vit la reconstitution historique médiévale en France de nos jours ? Après avoir décrit quelques associations, nous revivrons deux manifestations d’Histoire Vivante qui se sont déroulées en France durant l’année 2017. Les portraits de certains pratiquants de la reconstitution historique nous permettront de mieux connaître ces « voyageurs de l’Histoire ».

Quelques associations médiévales de reconstitutions historiques pour rendre l’histoire vivante…

Parmi les associations médiévistes, on note une nette prépondérance pour la période des Xe-XIIIe siècles, avec 99 groupes sur 150. L’affirmation de la féodalité en parallèle à la construction des monarchies française et anglaise est une des raisons qui explique cet intérêt pour le Moyen Âge triomphant. Ce Xe-XIIIe siècles est également marqué par les croisades et le règne des rois Philippe Auguste et Louis IX. En deuxième position, on trouve le bas Moyen Âge avec 44 associations pour les XIVe-XVe siècles. Cette période intéresse les reconstituteurs qui aiment les armes et les combats et trouvent dans la guerre de Cent Ans une période propice pour pratiquer ou plutôt pour reconstituer des batailles comme Crécy, Azincourt ou Castillon. Enfin, avec seulement 15 associations, le haut Moyen Âge est le parent pauvre de la reconstitution en France. Il faut néanmoins noter l’intérêt que représentent les Vikings, et pas seulement en Normandie.

Quelques associations d’histoire médiévale

L’association Milites de Dun se réclame de l’archéologie expérimentale. Les membres pratiquent et transmettent leur passion du Moyen Age et de la reconstitution historique à travers des conférences, des campements et des animations sur la cuisine, la médecine, l’artisanat et la guerre à l’époque médiévale. Ils se manifestent surtout dans le sud de la France. Pour l’association nordiste Druzhine-Hanza, la première motivation est d’enseigner et d’apprendre l’histoire en « sortant des livres pour la rendre vivante ! ». Les membres disent s’inspirer de l’archéologie et des sources écrites pour faire revivre le plus fidèlement possible le mode de vie européen au Xe siècle. Outre les ateliers des métiers, des saynètes et … Lire la suite 

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